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Campagne du Soldat Blaise BOUCHETOUT

7éme Régiment d'Infanterie





Blaise BOUCHETOUT est appelé à l'activité le 9 octobre 1906, il est incorporé en tant que 2ème classe au 63ème Régiment d'Infanterie à Limoges.


Il est mis en congé le 17 septembre 1907, un certificat de bonne conduite lui étant accordé.


Il fait 2 périodes au 63ème Régiment d'Infanterie, la première du 16 août au 12 septembre 1908, la seconde du 11 au 27 avril 1912.


Il est rappelé le 1eraoût 1914 et rejoint le 7ème Régiment d'Infanterie le 4 août 1914.


A cette époque le 7ème Régiment d'Infanterie est en Argonne.

Le 20 août, le régiment franchit la frontière et prend les avant-postes à Herbeumont. Pour la première fois on a l’impression que l’Allemand est proche. Un grondement lointain nous avertit que la guerre commence.

Le 22, vers 15 heures, on marche au canon. La bataille fait rage à notre droite. On traverse Bertrix, puis on s’arrête à Assenois. Nous sommes prés des grands bois où l’Allemand est gîté, paraît-il, les Belges sont anxieux.

La charge est ordonnée. Dans un élan magnifique, les trois bataillons se lancent successivement à l’assaut précédés de leurs chefs. Mais les Allemands sont tapis dans des trous en avant desquels ils ont tendu des fils de fer que les nôtres ne voient que trop tard. Nous sommes arrêtés par cet obstacle sous un feu meurtrier qui cause de grands ravages dans nos rangs. Malgré des pertes sensibles, trois fois les bataillons reviennent à la charge : trois fois ils échouent.

Les bataillons disloqués, ayant perdu toute cohésion, se dirigèrent sur Herbeumont en traversant la forêt. La rage au cœur, nous conservions quand même l’espoir de nous retrouver en plein champ, face à face avec l’ennemi, pour prendre une revanche éclatante.

Le 23 août, à 12 heures, l’ordre nous est donné de quitter Herbeumont et de nous diriger sur Osnes. C’est l’abandon du petit coin de Belgique que nous défendions. On arrive sans encombre à Osnes où on s’installe en cantonnement d’alerte. Le lendemain, le régiment se reconstitue prés du village.

Ensuite le régiment se porte à Euilly qu’il organise défensivement, pendant que de nombreuses batteries s’installent un peu en arrière de lui pour interdire à l’ennemi le passage de la Chiers. En hâte on creuse des tranchées. La plupart des habitants ont fui devant l’invasion. La journée et la nuit s’achèvent dans le calme.

Le 25 août, à l’aube, la canonnade reprend. On voit les Allemands déboucher des, bois très loin, et tenter de s’infiltrer par les petits ravins qui convergent sur Carignan. Un formidable duel d’artillerie s’engage, nais dans lequel la supériorité du 75 s’affirme. Tout ce qui sort des bois est pris sous le feu de nos canons qui, de plus, fouillent toutes les dépressions du terrain. Osnes, que nous avons quittés la veille, est pris à partie par notre artillerie qui pilonne sans arrêt ce malheureux village devenu une fourmilière d’Allemands.

Toute la journée la bataille fait rage. Peu de fusillade, mais du canon, encore du canon, et toujours du canon. C’est un massacre de boches. La fumée dégagée par les projectiles est telle qu’on dirait qu’un épais brouillard s’élève tout à coup des ravins. Les villages flambent. La vengeance commence et les Allemands, surpris par cette résistance hésitent et s’arrêtent. Une compagnie du régiment va faire sauter le pont de Carignan, car malheureusement il va falloir encore battre en retraite malgré le succès de la journée.

Le 26 août, à 1 heure 30, on franchit la Meuse à Mouzon. A la tombée de la nuit, on s’installe à la cote 314, prés de Raucourt, avec mission de contre-attaquer l’ennemi qui aurait réussi à franchir le fleuve. La nuit se passe sous une pluie battante, les Allemands ne sont pas venus. A l’aube, l’ordre est donné d’abandonner la position et de se rendre à Haraucourt.



Bataille d’Angecourt et de Thelonne.


On arrive à Haraucourt de fort bonne heure. Nous sommes transis de froid. On distribue rapidement quelques vivres aux hommes et l’on prépare un peu de café. Mais tout à coup : deux bataillons reçoivent l’ordre de prolonger à droite pendant que soit prononcée une contre-attaque sur Thélonne que les Allemands viennent d’occuper. Notre but est de harceler l’ennemi pour protéger la retraite de l’armée.

Le feu est engagé sur tout le front. Nous nous emparons des deux premières lignes de tranchées allemandes. L’assaut est donné par trois fois, chaque fois le bataillon est ramené. Un quatrième assaut est encore tenté, et cette fois la position tombe entre nos mains.

Il est douze heures, nos mitrailleuses sont mises en batteries et on poursuit, par le feu, l’ennemi qui dévale les pentes dans la direction de Pont Maugis. L’organisation du terrain conquis est immédiatement entreprise, mais rendue très difficile par un feu violent de mitrailleuses partant par la droite, dans la direction du canal, et par le feu de l’artillerie ennemie.

A ce moment arrive, en renfort, le 3ème bataillon. Tout le régiment se trouve maintenant engagé. La bataille redouble d’intensité, car l’ennemi envoie sans cesse des troupes pour essayer de prendre pied sur la rive gauche de la Meuse, ce qui pour lui constituerait une position importante. Au loin, on aperçoit Bazeilles qui regorge d’ennemis. Notre artillerie y frappe sans arrêt et les pertes allemandes s’accumulent. La Meuse charrie des quantités de cadavres boches.

Nous passons la nuit sur les hauteurs de Raucourt sans être inquiétés par l’ennemi qui, en raison de son échec de la journée, hésite à se porter en avant. Le lendemain, à 8 heures, le régiment passe en réserve au Sud du village sur une position violemment bombardée par l’artillerie lourde allemande et nous assistons pour la deuxième fois à un nouveau et formidable duel d’artillerie.

A 16 heures, on reprend le mouvement de retraite. Pourquoi reculer encore puisque le succès est à nous ! C’est l’ordre, il faut s’incliner.



Retraite.


A partir de ce moment commence la longue et douloureuse retraite. Raucourt, Angecourt ont marqué, pour le régiment, les derniers combats de notre première rencontre avec l’Allemand exécré. A part quelques escarmouches de peu d’importance, la marche vers le Sud s’accomplit sans incidents, par étapes journalières de 30 à 40 kilomètres.

Le 28 août au soir nous sommes à Arthez-le-Vivier. Le 29, au Chesne, que l’on abandonne le 30 pour bivouaquer à Chufilly. Un temps d’arrêt et la retraite inexorable continue. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, on passe Semide où un court engagement a lieu avec l’avant-garde prussienne. Maintenant la retraite s’accélère. On marche nuit et jour, presque sans arrêt. Le repos n’est plus permis. Nous traversons la Champagne pouilleuse où l’eau fait totalement défaut. Une chaleur torride nous brûle le visage et irrite la gorge. D’interminables convois d’émigrés encombrent les colonnes. Des vieillards, des femmes, des enfants ont quitté en hâte le pays natal.

Le 4 septembre, nous voilà à Sompuis. Le 5, à minuit, on arrive à Brebant et Corbeil où nous espérons goûter un peu de repos, mais à 3 heures du matin, alerte, il faut repartir. On marche quelques kilomètres, puis on s’arrête dans un champ, les bataillons en colonne double. A ce moment, enfin la retraite est finie. Le moment est venu de vaincre ou de mourir. La bataille de la Marne va commencer.



Bataille et victoire de la Marne.


Après une heure de repos, le régiment se porte à la cote 201 qu’il a pour mission de défendre jusqu'à la mort. Les avant-postes de combat sont pris et on attend le choc. La soirée et la nuit sont marquées seulement par quelques coups de fusil, indices de la prise de combat avec les éclaireurs ennemis.

Le 7 septembre, à 5 heures, la bataille d’artillerie commence. Les Allemands suivant leur tactique habituelle pilonnent à coups d’obus nos positions avant d’y lancer leur infanterie. Notre artillerie riposte énergiquement. On souffre aussi beaucoup de la soif et du manque de vivres.

Dans l’après-midi le feu de l’artillerie ennemie se ralentit puis cesse totalement à la nuit. Cette trêve est aussitôt mise à profit pour creuser des tranchées que l’on tiendra à outrance.

Le 8 septembre, à 5 heures, la bataille reprend. D’abord un tir extrêmement violent d’artillerie sur la cote 201, puis au loin, on voit apparaître l’infanterie ennemie qui se déploie et répond à notre feu. Une batterie de 75 vient de mettre en position tout prés de nous et commence son œuvre de mort. L’infanterie allemande semble hésiter. Elle trouve en effet une résistance à laquelle elle n’était pas habituée depuis quelques jours. Le combat se stabilise ainsi devant notre front, il devient plus vif encore à notre droite et à notre gauche.

A 10 heures, la batterie de 75 qui, depuis le matin, crache sans arrêt, cesse son tir… faute de munitions. Les artilleurs prennent leur mousqueton et font le coup de feu avec les fantassins. A 10 h 50, un caisson de ravitaillement étant arrivé, la batterie reprend son tir. Le combat s’anime, mais les fantassins ennemis ne paraissent toujours pas désireux de se lancer à l’assaut. On se fusille encore à distance.

Nos pertes sont élevées. A 12 heures, le régiment reçoit l’ordre de se rendre à la ferme Montorlor pour se reconstituer avec un renfort de 500 hommes qui viennent d’arriver. Le mouvement de repli s’exécute en bon ordre.

A 16 heures, le renfort ayant été incorporé, le régiment tout entier retourne dans la bataille. Sur notre front, l’ennemi n’a pas gagné un pouce de terrain. Le lendemain, le régiment réoccupe la Cote 201, que les Allemands continuent de cribler de projectiles.

Le soir nous bivouaquons à la Ferme des Grandes Perthes, où l’on incorpore un nouveau renfort de 800 hommes. Le 10 septembre, on réorganise les bataillons. Les Allemands ont fait avancer leur artillerie lourde et l’éclatement des gros projectiles résonne terriblement dans les vallons. La nuit se passe au bivouac, dans un bois, en réserve, à 600 mètres au sud de la Ferme de la Certine.



La poursuite.


Le 11, à 5 heures du matin, tout le monde est sur pied. Le bruit court avec persistance que les Allemands sont battus et qu profitant de la nuit, ils ont commencé leur mouvement de retraite. Cette rumeur semble se confirmer par le silence anormal qui règne sur le champ de bataille. Enfin, la nouvelle est rendue officielle par un ordre que reçoit le régiment de se lancer à la poursuite de l’ennemi dans la direction de la Cense de Blanzy.

Les petits bois de sapins sont remplis de cadavres allemands fauchés par les balles et par nos 75. Dans la précipitation de leur retraite, les Allemands ont abandonné un grand nombre de leurs blessés : toutes les granges en sont pleines. Nous avançons toujours. Maintenant la désolation commence, les villages sont en feu.

La nuit tombe ! Nous arrivons à Pringy, sous une pluie battante, à la lueur sinistre des maisons embrasées. Après quelques heure de repos, nous repartons par Songy, Saint-Martin, Francheville, Dampierre et Moivre. Nous doublons les étapes, car enfin il faut rattraper les boches. La fatigue ne compte plus.

Le 13 septembre, nous traversons Somme-Tourbe, complètement brûlé et Wargemoulin en flammes. Nous cantonnons à Minaucourt, que les Germains n’ont pas eu le temps d’incendier. La pluie tombe à flots. Les avant-postes sont pris et deux compagnies sont envoyées à la Ferme Beauséjour où elles se heurtent à un bataillon ennemi. Une vive fusillade s’engage, mais en raison de l’heure tardive et de l’extrême fatigue des hommes, le combat n’est pas poussé plus à fond.

Le lendemain, la bataille reprend sur tout le front Mesnil les Hurlus, Ferme Beauséjour. Notre artillerie nous soutient faiblement faute de munitions. Par contre, l’artillerie ennemie arrose de projectiles les crêtes que nous occupons, ainsi que les ravins où se tiennent les réserves du régiment. La Ferme Beauséjour est prise, mais c’est le seul gain de la journée.



Bataille de Beauséjour et d’Argonne.


A partir de ce moment va commencer la guerre de tranchées qui durera plusieurs années. Les Allemands ont réussi à stabiliser le front de bataille sur notre sol. En raison des pertes élevées subies la veille, le régiment passe en réserve à Minaucourt et commencent immédiatement à creuser des tranchées et boyaux. Jusqu’au 21 septembre, l’activité de combat reste faible.

Le 26 septembre, à l’aube, une fusillade nourrie s’engage sur notre front et sur les secteurs voisins. Les Allemands essaient une première attaque qui est repoussée sur toute la ligne. Une demiheure plus tard, ils reviennent à la charge en force considérable et parviennent à refouler notre gauche, malgré la résistance opiniâtre de nos hommes qui n’abandonnent la ligne que sur l’ordre de leurs chefs. Une menace de débordement se dessine aussitôt de ce côté.

Surpris, l’ennemi s’arrête, oscille et, finalement, s’enfuit dans le plus grand désordre vers ses lignes. A ce moment, il tombe sous le feu des deux autres bataillons qui n’ont pas cédé. Les gros paquets de fuyards sont fauchés par les mitrailleuses, et les isolés sont tirés comme des lapins. Bien peu réussissent à réintégrer leurs trous.

De notre côté, nous avons pas mal de blesséss. Malgré tout la journée est bonne car les Allemands viennent de subir un sanglant échec. Après cette affaire, le 7ème R.I.n, est mis en réserve pour se reconstituer.

Dans la nuit du 1er au 2 octobre, le régiment prend position dans les tranchées au nord de Somme-Suippes. Il y reste jusqu’au 15 octobre sans qu’aucun combat important ait marqué cette courte période, puis il retourne à Wargemoulin.

Jusqu’au 6 décembre, le 7ème R.I. reste dans la région Beauséjour – Mesnil-les-Hurlus pour l’occupation de la ligne de combat. La pluie qui ne cesse de tomber entrave fortement les travaux d’organisation défensifs qui se limitent d’ailleurs au creusement de tranchées et de boyaux et à la pose de fils de fer en avant de la première ligne.

Le 6 décembre, le régiment revient en réserve. Il reçoit l’ordre de se tenir prêt à être embarqué le lendemain en camions auto. Le lendemain à midi, le régiment se trouve échelonné sur la route Suippes – Sainte-Menehould devant une file interminable de gros camions dans lesquels on embarque. A 10 heures, on débarque à Chaudefontaine et le lendemain matin une étape nous porte à Vienne le Château.

Le 2ème bataillon est aussitôt envoyé à la Harazée où il arrive juste à point pour repousser une attaque allemande. Le régiment reste en Argonne jusqu’au 14 décembre. Le 16 décembre, le régiment revient à Chaudefontaine et de là se rend à Sainte-Ménéhould où il s’embarque à destination de Somme-Tourbe pour rejoindre son ancien secteur de Champagne.



Offensive de Champagne (Hiver 1914 – 1915).


Le 23 décembre, le 1er bataillon reçoit l’ordre de s’emparer des « Tranchées Brunes » qui forment un saillant dans notre ligne. L’attaque est menée avec la plus grande vigueur. Après une préparation d’artillerie, le bataillon se lance à l’assaut, son chef en tête. Les tranchées ennemies sont conquises, mais le succès nous coûte cher. Des mitrailleuses que notre artillerie n’avait pas détruites ont ouvert un feu d’enfilade sur nos hommes au début d’attaque. Deux cents hommes sont hors de combat, mais parmi lesquels beaucoup de blessés.

Le terrain conquis est immédiatement mis en état de défense. Deux fortes contre-attaques ennemies sont repoussées, malgré le faible effectif du bataillon. Ne pouvant reconquérir les tranchées perdues, l’ennemi les bombardes violemment et, pour la première fois, nous voyons apparaître cet engin nouveau appelé « Minenwerfer » (lance mines).

Le soir, une nouvelle contre-attaque est encore repoussée à coups de fusil. La nuit est plus calme. Nos hommes en profitent pour achever l’organisation de la tranchée et compter les prises. Outre un nombre assez élevé de prisonniers, le 1er bataillon s’est emparé de mitrailleuses, de fusils et d’un minenwerfer de gros calibres, ainsi que des provisions de toutes sortes (saucisses, pâtés, fruits, cigares, etc.…

Le 30 décembre 1914, les trois bataillons attaquent les « Tranchées Grises » et s’en emparent en partie, mais la bataille qui dur depuis plusieurs jours a permis aux Allemands de renforcer leur artillerie, et les combats deviennent alors plus acharnés. Nous progressons lentement au prix de grands sacrifices. Les attaques se succèdent jour et nuit presque sans interruption. On ne connaît plus le repos.

Enfin, le 21 janvier 1915, le régiment est envoyé au repos à Bussy le Château où il y reste jusqu’au 29. Quelques renforts arrivent et, le 30, nous retournons dans la bataille.

Le 1er février, le 1er bataillon attaque le Bois Rectangulaire au Nord-Ouest de Perthes les Hurlus. La position avancée est devenue très périlleuse. Le 16 février on attaque les bois au nord de Perthes, le 17, nous sommes au-delà du Bois Rectangulaire. Les assauts se multiplient. Après trois semaines de ces durs combats, le régiment est relevé et passe en réserve dans les bois de la Ferme Piémont où il ne reste que quelques jours dans la boue.

La tranchée est conquise de haute lutte et les boches massacrés. Des prisonniers sont parqués dans un coin. Leur frayeur est telle qu’un seul de nos hommes suffit pour les garder. Une contre-attaque lancée immédiatement par l’ennemi donne lieu à des combats épiques. La contre-attaque est repoussée. Le succès est complété par deux bataillons qui, engagés peu après, s’emparent des dernières tranchées constituant l’ouvrage S.K.

Du 11 au 23 mars, le régiment occupe le secteur au nord de Mesnil les Hurlus où nos tranchées ne sont séparée de celles des Allemands que par quelques mètres, ce qui empêche les artilleries adverses de tirer sur les premières lignes. On se fusille à bout portant. Le 23, le 7ème R.I. est relevé définitivement et envoyé au repos à Bussy le Château en attendant une nouvelle destination. L’offensive de Champagne est terminée pour nous.



Offensive d’Artois (Mai – Juin 1915).


Après un mois passé à l’arrière dans des cantonnements au Sud de Verdun, puis dans la Somme, le 7ème R.I. est désigné pour prendre part à l’offensive d’Artois. Le 30 avril, il cantonne dans les faubourgs d’Arras et le lendemain il occupe le secteur de Roclincourt. L’attaque est fixée au 9 et les préparatifs en sont menés rapidement. Nous aurons un glacis de 400 mètres à franchir pour atteindre la première tranchée allemande. En arrière de laquelle s’élève le village de Thélus, dominant nos positions. La préparation d’artillerie est courte. Les brèches dans les réseaux ennemis sont assez rares.

A l’heure dite, les compagnies se lancent à l’assaut en deux vagues. A peine la première est-elle sortie des tranchées que de nombreuses mitrailleuses allemandes font un barrage de balles dans lequel nos hommes entrent tête baisée. Beaucoup tombent. Les autres continuent leur marche en avant, malgré la violence du feu des mitrailleuses et des canons ennemis. Après un parcours de 300 mètres, l’attaque se disjoint. Un mouvement de reflux se produit. L’assaut nous coûtait 300 hommes tués où blessés.

Le 10 mai, à 13 heures, après une nouvelle préparation d’artillerie, le 3ème bataillon tente un troisième assaut. Il est encore ramené par le feu des mitrailleuses que notre artillerie n’a pu détruire. Le 11 mai, deux bataillons exécutent trois nouvelles attaques sans plus de succès.

Le 12 mai, les bataillons se reconstituent sur place et la nuit suivante, le 3ème est relevé sur la position de combat par le 1er qui avait été envoyé au repos à Duisans après la deuxième attaque. Les pionniers du régiment, aidés de travailleurs fournis par les bataillons, creusent pendant la nuit, une parallèle de départ pour une nouvelle attaque, à 250 mètres en avant de notre première ligne. Ils sont protégés dans cette opération par des détachements placés en avant d’eux et sur leurs flancs.

Cette parallèle est occupée dans la nuit du 14 au 15, et ce jour là, à 15 h 10, le 1er bataillon repart encore à l’assaut. Les mitrailleuses ennemies flanquent le glacis nu comme la main et interdisent toute progression. Ceux de nos hommes qui n’ont pas été atteints par les projectiles se couchent dans des trous d’obus et rentrent à la nuit.

Le 22 mai, avant le jour, le régiment. est relevé et se rend à Berneville, où le rejoint un renfort de 450 hommes.

Du 27 mai au 3 juin, le régiment occupe les tranchées dans le secteur Est d’Arras. Aucune attaque ne se produit ni d’un côté ni de l’autre, mais l’activité des deux artilleries est très grande et nous perdons du monde. Nous revenons à Berneville jusqu’au 15 juin, puis nous passons en réserve d’attaque à Arras le 16 juin.

Huit jours après, nous prenons le Secteur Est de Ronville (Faubourg d’Arras). Aucune activité de combat ici, les tranchées adverses, sont distantes d’environ 600 mètres.

Le 3 juillet 1915, le régiment est définitivement relevé. Il entre à ce moment dans la composition d’une nouvelle division (la 131ème) et est envoyé au repos à 40 kilomètres en arrière du front, dans la région d’Amiens, où il reste jusqu’au 30 juillet. De là, il est transporté par voie ferrée en Argonne.



Argonne (Août 1915 – Mai 1916).


Les bataillons relèvent successivement, du 8 au 10 août, des bataillons du 154ème R.I., dans les secteurs de Marie-Thérèse, de Saint-Hubert et de Fontaines aux Charmes. La deuxième relève est encore en cours d’une attaque qu’une attaque allemande se produit sur notre gauche. On ne se bat plus guère à coups de fusils maintenant. Depuis plusieurs mois, les machines infernales ont pris la supériorité dans la guerre de tranchées. On se lance des tonnes d’explosifs à courte distance, on fait des barrages à la grenade, puis on s’aborde au couteau.

Tous les moyens sont donc employés ici : la mine. Les torpilles, le couteau, les liquides enflammés et les gaz asphyxiants. On est sûr ni de la solidité du sol, ni de la pureté de l’air que l’on respire.





Blaise BOUCHETOUT est tué le 11 août 1915 dans le secteur de La Harazée à Saint Hubert Marie Thérèse(Marne).

Il est inhumé à Saint Florent (Marne).

Très bon soldat tué à son poste de combat dans les tranchées le 11 août 1915 au secteur de la Harazée en Argonne.

Il est décoré de la Médaille Militaire.